En janvier dernier, nous avons publié le test du Diamond Plus, version « phablette » du Diamond S qui s'est avérée être un mobile intéressant sans pour autant être aussi surprenant que les premiers terminaux de la gamme Diamond (notamment le célèbre 50 Diamond).
Le bilan était donc globalement positif, mais teinté de quelques petites déceptions pour les plus exigeants d'entre nous. Notamment, le MT6753 de MediaTek, qui y anime une dalle Full HD, qui plus est de 5,5 pouces (propice aux contenus multimédias), ne semblait pas être le choix le plus pertinent. Nous aurions clairement préféré une solution milieu de gamme Qualcomm (Snapdragon 615 ou 616) pour apporter un GPU relativement plus costaud.
Il n'y a que le prix (et l'écran) qui reste
Quelques semaines plus tard, à Barcelone, Archos dévoile le Diamond 2 Plus (aussi appelé « Archos 55 Diamond 2 Plus »), un successeur dont la fiche technique laisse présager quelques améliorations techniques bienvenues, et aucune contrepartie malheureuse. Mais surtout, et c'est là le plus étonnant, malgré des épaules plus larges, le Diamond 2 Plus est annoncé au même prix : 250 euros hors promotion, ODR et subvention. Une excellente nouvelle donc qui, avouons-le, nous a laissés quelque peu sceptiques. Heureusement, l?heure du test est arrivée. Avec ces bonnes et ces mauvaises surprises. Commençons par une bonne : la fiche technique.
- dimensions 148,3 x 73,8 x 8,4 mm
- poids : 193 grammes
- ratio écran / taille : 76,2 %
- écran IPS LCD Full HD de 5,5 pouces (résolution de 401 pixels par pouce) protégé par un verre renforcé 2.5D Dragontrail d'Asahi Glass
- chipset MediaTek MT6755 Helio P10 avec huit coeurs Cortex-A53 cadencés jusqu?à 2 GHz
- ARM Mali-T860
- 4 Go de mémoire vive
- 64 Go de stockage interne (extensible par microSDXC jusqu?à 128 Go supplémentaires)
- batterie de 2950 mAh (non amovible)
- compatible LTE catégorie 4, WiFi n dual band (DLNA), Bluetooth 4.0, GPS (Glonass), radio FM
- port microUSB type-C réversible
- lecteur d'empreinte digitale
- capteur photo Sony de 20 mégapixels avec double LED, objectif ouvrant à f/2.2, autofocus laser, compatibilité 1080p en vidéo
- webcam 8 mégapixels avec objectif grand-angle ouvrant à f/2.2 et flash LED frontal
- deux ports SIM
- Android 6.0.1 Marshmallow sans surcouche
Il y a plusieurs très bonnes nouvelles dans cette fiche technique. La première est l'abandon du MT6753 pour le MT6755 qui apporte des coeurs plus rapides et un GPU plus puissant. Le chipset est en outre accompagné de 4 Go de mémoire vive. La définition et la taille de la dalle restent identiques : ce n?était pas non nécessaire de passer au Quad HD. La batterie est légèrement plus puissante. L'espace de stockage a été multiplié par 4. Vous remarquez aussi qu?Archos est légèrement montée en gamme sur les prestations annexes avec le lecteur d'empreinte, le capteur photo à 20 mégapixels et l'autofocus laser. Tout cela sans changer le prix : chapeau.
Une construction « carrée »
Continuons sur une autre bonne nouvelle : l'ergonomie. L?Archos est une phablette qui peut paraitre massive (avec un poids supérieur à 190 grammes tout de même et une épaisseur qui dépasse les 8 mm), mais force est de constater que la construction est bonne. Pas l'ombre d'un craquement quand le mobile subit une légère torsion. Pas de jeu entre les différentes parties du corps du téléphone. C'est un beau mobile qui inspire la confiance et la solidité. Il lui manque certainement un peu de finesse. Et ce n'est pas une simple question d?épaisseur, mais aussi de design : les tranches sont droites, l'objectif photo bien carré.
Il n'y a pas non plus de véritable originalité ergonomique. Nous retrouvons une grande dalle tactile à l'avant, laquelle est légèrement surélevée (2.5D). Les bordures autour de l?écran sont assez faibles, même en haut et en bas de l?écran. Celle qui souligne l?écran n'est pas tactile : les touches de navigation sont intégrées à l?écran. La dalle s'impose donc, offrant une visibilité large qui promet de bons moments en multimédia. Nous verrons d'ici quelques instants si la promesse est tenue. Le dos de l'appareil n'est pas métallique, mais n'est pas amovible non plus. Le matériau utilisé est un polycarbonate dont la finition veloutée est proche du « sandstone » que vous retrouvez, par exemple, chez OnePlus ou Wileyfox. Le bloc photo est entouré sur trois de ses côtés par le flash, l'autofocus laser et le lecteur d'empreinte.
Les tranches sont métalliques et droites. Compte tenu du poids du mobile, nous serions tentés de dire que l'ensemble du châssis est fait de ce matériau. Sur la tranche de gauche, vous retrouvez le tiroir double SIM (avec un emplacement hybride pour la carte mémoire). À son opposé se trouvent les boutons matériels de mise en marche et de contrôle du volume. Sur la tranche du haut a été placé le jack 3,5 mm. Et sur la tranche du bas, le port USB type-C et un double haut-parleur. Les deux dernières tranches sont saucissonnées par les séparations pour les antennes, ce qui peut paraître étonnant, puisque le dos n'est pas métallique.
Un smartphone massif
L'impression globale nous rappelle le OnePlus 2, en plus lourd. Même sur le segment des phablettes de 5,5 pouces, il est rare de croiser un téléphone frôler les 200 grammes. Il y a le ZenFone Max ou le Marahon M5 de Gionee par exemple. Et tous les deux sont lourds parce qu'ils embarquent une batterie colossale (plus de 5000 mAh). Ici, c'est une question d'esthétique (et peut-être même de dissipation de chaleur). Cependant, comme les boutons mécaniques sont tous placés à hauteur de pouce (pour les droitiers), la largeur et le poids ne sont finalement pas gênants.
L?écran du téléphone est très correct. Il s'agit d'une dalle IPS LCD Full HD très conventionnelle, certes, mais le verre Dragontrail d'Asahi Glass offre une glisse de bonne qualité, meilleure que celle des écrans dont la protection est une simple plaque de plastique. Les couleurs affichées sont plutôt bonnes, même si elles sont parfois un peu terme. Le contraste et les angles de vision sont bons, même si cela n?égale pas la technologie AMOLED. La luminosité est légèrement faible et vous aurez certainement tendance à positionner le curseur au-dessus du réglage médian.
Android Marshmallow sans modification
Une fois le smartphone allumé, l?Archos Diamond 2 Plus révèle une interface Android Marshmallow proche de celle d'un Nexus. Cela sous-entend que rien ne vient altérer ce que Google a pris le temps de développer. Les icônes sont globalement les mêmes. Les logiciels par défaut sont très majoritairement ceux de Google. Le lanceur d'application est présent. Le menu de paramétrage et la zone de notification n'ont pas été changés. Il y a même un panneau dédié à Google Now activé dès le premier démarrage. Nous sommes loin, très loin même des premiers choix esthétiques d'Archos quant à son interface. Et c'est tant mieux naturellement, car la navigation n'en est que plus fluide et plus simple.
Cela ne veut pas dire qu?Archos ne propose rien. Les quelques changements croisés dans l'interface sont très bons ou très mauvais, au choix. Commençons par le très bon : les applications maison de la marque, Archos Video et Archos File Manager. Ce sont deux applications extrêmement pratiques et complètes. Nous ne saurons trop louer les avantages d'Archos Video, héritage de l'activité multimédia de la firme française. Il s'agit là de l'un des meilleurs lecteurs vidéo pour Android. Dommage qu'il soit payant pour tous ceux qui souhaitent en profiter sur un mobile qui n'est pas de la marque.
Trop de marketing !
Archos File Manager offre également des fonctions avancées, puisque l'application est nativement compatible SMB (ce qui veut dire que vous pouvez aller chercher un fichier sur un ordinateur ou disque dur situé sur votre réseau domestique, ce qui s'avère très pratique). Archos Musique, Archos Remote Control et toutes les applications domotiques de la marque sont disponibles sur le Play Store. Si vous avez une grande audiothèque, nous vous conseillons l'installation d'Archos Musique. Le reste est dispensable.
À l'opposé de cette stratégie intelligente (améliorer l'un des plus gros défauts d'Android « stock », son lecteur vidéo, et laisser le reste disponible sur le Play Store), Archos ajoute, durant la phase de paramétrage initial une étape dédiée aux applications de ses partenaires commerciaux. Si vous acceptez de les installer (Archos ne prend pas le risque d'avouer le contenu du pack), vous vous retrouvez avec cinq applications supplémentaires sur votre mobile : Modern Combat 4, News Republic, Office Suite, Puzzle Pets et Spider-Man Unlimited. Trois jeux freemium, une suite bureautique mobile et un agrégateur de news. Tous sont largement dispensables (même si News Republic un plutôt efficace).
Des performances innattendues
Une fois tout ce contenu, le système reste toutefois assez léger, puisque sur les 64 Go théoriques offerts, il en reste une cinquantaine, même avec les applications commerciales installées. Cette légèreté se ressent à plusieurs niveaux : en moyenne, le système accapare 1,4 Go de mémoire vive en moyenne, ce qui est relativement correct (heureusement toutefois que le mobile est pourvu de 4 Go). Second point, le système étant moins gourmand, il est aussi plus économe en énergie. Ce qui est bon pour la batterie dont la capacité est confortable (sans aller vers le pantagruélique). Voilà encore de bons atouts en faveur du Diamond 2 Plus.
Parlons maintenant des performances brutes. Voilà un sujet sur lequel la phablette aurait pu être moins à l'aise. Car, malgré la présence 4 Go de RAM, l?Helio P10 reste un octo-core milieu de gamme classique, composé de coeurs standardisés et d'un GPU certes de la dernière génération des Mali, mais dual-core seulement. Cependant, les résultats montrent d'abord que le Diamond 2 Plus surclasse sans souci le Diamond Plus et le Diamond S, mais qu'il parvient aussi à des résultats comparables au Snapdragon 801 (OnePlus X) ou à l?Exynos 7580 (Galaxy A5 2016), notamment sur les tests globaux, comme AndTuTu, Geekbench 3 ou Basemark OS. L'apport d'un quatrième gigaoctet de RAM n'est pas étranger à cela.
Sur AnTuTu, la phablette parvient à 51639 points, tandis qu'elle obtient les notes de 963 points sur Basemark OS II, 848 et 3050 points sur Geekbench, respectivement en single-core et en multi-core. En revanche, sur les tests graphiques, l'antique quad-core haut de Qualcomm reste au-dessus des GPU d'ARM, notamment quand le fondeur joue l?économie en optant pour deux coeurs. Sur Basemark X, il atteint 14643 points sur la résolution medium et 6766 points sur la résolution haute. Sur Ice Storm Unlimited, il obtient 10985 points (presque la moitié du score du Zuk Z1 sous SD801 et 3 Go de RAM). Sur Slingshot, il frôle les 600 points en 1080p et dépasse les 400 points en QHD.
Une bonne plate-forme multimédia
Globalement, les scores du Diamond 2 Plus sont meilleurs qu'attendu. Et l'expérience ressentie par l'utilisateur est également plus qualitative, même si cela n?égale pas tout à fait la réactivité d'une phablette premium comme vous pourriez en trouver chez Meizu, Honor ou OnePlus. Un bon moyen de comprendre cela est d'entamer une partie de Dead Trigger 2. Le smartphone réagit plutôt bien, se positionne d'emblée sur la qualité graphique intermédiaire. Une bonne surprise. Positionné sur la qualité graphique supérieure, le smartphone se comporte relativement bien, sauf qu'il chauffera un peu (et utilisera la conductivité du métal, sur les tranches, pour l?évacuer). Ça peut surprendre.
Côté vidéo, aucune fausse note : les formats Full HD sont pris en charge. Le Helio P10 est capable de les décoder sans difficulté apparente. Et grâce à l'application Archos Video, le Diamond 2 Plus est un baladeur vidéo sans aucune faiblesse côté formats, options ou connectivité (puisqu'il est en mesure de lire des fichiers sur un disque dur réseau). Archos Musique et Archos Fichier offrent la même expérience, même si cela n'est pas aussi impressionnant. Les deux grilles sur la tranche inférieure correspondent à deux haut-parleurs stéréo, lesquels produisent un son puissant, mais manquant parfois de finesse.
De l'ambition en photo, mais pas assez de réalisme
Terminons par la photo : avec son capteur 20 mégapixels à l'arrière avec autofocus laser, l?Archos Diamond 2 Plus annonce tout de suite quelques prétentions. Et il est toujours un peu décevant que cette volonté ne transparaisse pas dans tous les aspects de la proposition. C'est le cas de l'application photo : reprise intégralement de celle offerte par Google dans Android « stock », elle n'offre que très peu de fonctions et de réglages. Tant et si bien qu'il est impossible de contrebalancer les quelques petits défauts du capteur.
D'autant que ce dernier n'en est pas dénué. Avec un début de mois d'août gris au-dessus de Paris, seuls les meilleurs sont capables de produire des photos contrastées et colorées. Ce n'est pas le cas ici. Peu de contraste. Des couleurs un peu délavées. Et du grain apparaît rapidement si vous zoomez. Cependant, la photo est loin d?être mauvaise. La scène est globalement très équilibrée (notamment pour un appareil qui s'appuie sur un autofocus laser, plus prompt à prendre une photo qu?à choisir les bons réglages), puisqu'aucune zone n'est plongée dans le noir ou, au contraire, trop lumineuse. Bien sûr, les nuages sont perdus dans une grisaille générale. C'est une conséquence du manque de contraste.
Un vrai successeur au 55 Diamond
En conclusion, Archos signe ici une très bonne phablette, bien meilleure que la précédente, laquelle nous a quelque peu laissés sur notre faim. Une plate-forme plus robuste (même si nous devinons que le choix de MediaTek est plus économique que technique). Quelques atours premium supplémentaires bienvenus (verre Dragontrail, lecteur d'empreinte, châssis métallique). Une montée en gamme de l?équipement photographique. Les petits défauts ne sont pas choquants, même la lourdeur physique du téléphone : 200 grammes, c'est quand même beaucoup.
Cependant, nous aurions tendance à pardonner à Archos, car le Diamond 2 Plus est vendu au même prix que son prédécesseur, 250 euros hors ODR et offres marketing, soit légèrement plus cher que l'ambitieux (mais imparfait) Honor 5X. Il est, de nos jours, assez rare de constater qu'une marque conserve son positionnement prix d'une génération de produits à une autre, malgré les améliorations et les évolutions. Et, même si ce choix est tactique, pour ne pas se retrouver face aux flagships de la jeune garde chinoise, nous saluons cet effort.