Avec le Pro 5, Meizu parvenait à faire d'une pierre deux coups. En l'absence d'un Galaxy Note 5 sur certains pays, la petite marque chinoise offrait une alternative économique et pratiquement aussi convaincante (sauf en photo) : même chipset, même taille d?écran, définition moindre (mais plus de réactivité, même avec 3 Go de mémoire vive), écran Amoled, bonne autonomie et appareils photo très corrects. Une très bonne proposition donc.
Changement de gamme
Avec le Pro 6, nous n'avons pas été autant charmé, autant être clair tout de suite. D'abord parce que certains détails de la fiche technique nous chiffonnent. Ensuite, parce que le design de ce smartphone manque cruellement d'originalité, notamment vis-à-vis d'un Pro 5 sorti quelques mois à peine auparavant et dont l'ambition était presque palpable. Bien sûr, le Pro 6 est un smartphone séduisant. Mais quand le Pro 5 visait clairement l'iPhone 6 Plus, le Pro 6, lui essaie de se rapprocher de l'iPhone 6S. La preuve avec cette fiche technique :
- dimensions : 147,7 x 70,8 x 7,3 mm
- poids : 160 grammes
- ratio écran / taille : 71,6 %
- écran 2.5D Super Amoled Full HD de 5,2 pouces (résolution de 423 pixels par pouce) protégé par un verre Gorilla Glass 4
- Compatible 3D-Press (écran avec capteur de pression)
- chipset MediaTek Helio X25 avec deux coeurs Cortex-A72 cadencés à 2,5 GHz, quatre coeurs Cortex-A53 cadencés à 2 GHz et quatre coeurs Cortex-A53 cadencés à 1,4 GHz.
- GPU ARM Mali-T880 MP4
- 4 Go de mémoire vive
- 32 ou 64 Go de stockage interne (non extensibles)
- batterie de 2560 mAh (non amovible) compatible chargement rapide (mCharge 3.0)
- compatible LTE catégorie 6, WiFi ac dual-band, Bluetooth 4.1, GPS (Glonass), NFC, dual SIM
- bouton mTouch 2.1 en façade avec lecteur d'empreinte digitale
- capteur photo Exmor RS IMX230 de Sony 21 mégapixels avec flash 10 LED, autofocus laser, objectif 31 mm à 6 éléments ouvrant à f/2.2 et protégé par du saphir synthétique, compatibilité 4K en vidéo
- webcam 5 mégapixels (1,4 micron par pixel), objectif grand-angle ouvrant à f/2.0, compatible Full HD en vidéo
- USB type-C
- chipset audio Cirrus Logic CS43L36, amplificateur NXP, haut-parleur mono mSound
- Flyme OS 5.2 sur une base d'Android 6.0.1 Lollipop
Vous remarquerez d'abord que l?équipement photographique n'a pas changé entre le Pro 5 et le Pro 6. Seule véritable nouveauté ici, l'anneau de 10 LED autour du capteur infrarouge de l'autofocus laser. Ensuite, comme prévu avec MediaTek, c'est l?Helio X25 qui anime ce smartphone. Nous verrons les conséquences de ce changement dans la partie dédiée aux performances. Il bénéficie d'un quatrième gigaoctet de RAM et de deux paliers de stockage, sans extension possible. La batterie est plus petite (-16 %), mais gagne une nouvelle version de la technologie de chargement rapide mCharge. Et l?écran passe de l?Amoled simple au Super Amoled.
Plus petit et moins audacieux
Physiquement, le smartphone a changé, même si, en apparence, cela ne se remarque pas tout de suite. Les dimensions du mobile ont évolué, perdant 9 mm en hauteur, 7 mm en largeur et 0,2 mm en épaisseur. Ceci est la conséquence d'un écran tactile beaucoup plus petit, puisque la dalle du Pro 5 mesure 5,7 pouces, tandis que celle du Pro 6 ne mesure que 5,2 pouces. Le Pro 6 descend donc d'une catégorie, alors que, historiquement, les « Pro » (MX4 Pro et Pro 5) sont davantage des phablettes que des petits formats.
Le Pro 6 et le Pro 5 côte à côte
Ce changement de position est d'ailleurs symptomatique dans la téléphonie asiatique : Meizu ne cible plus ici les phablettes comme l'iPhone 6S Plus ou le Galaxy Note 5, mais les « flagships » comme l'iPhone 6S et le Galaxy S6. Ce que d'autres ont également fait : HTC, LG, Huawei, etc. Tous ont augmenté ou diminué les dimensions de leurs porte-étendard ces deux dernières années pour s'approcher de Samsung et d'Apple. Une copie plus ou moins subtile selon les constructeurs. Chez Meizu, nous serions plutôt dans le flagrant.
Une inspiration très marquée
Car si le Pro 5 parvenait à conserver quelques traces du design des anciens MX, malgré l'apparition flagrante des séparations pour les antennes, Le Pro 6 lorgne davantage vers l'iPhone 6S avec son châssis fait d'une seule pièce. Comparez simplement la tranche inférieure du Pro 6 avec celle de l'iPhone 6S : tous les éléments y ont été repris à l'identique : le jack (qui n'a jamais été situé à cet endroit auparavant), le micro, la forme de la grille du haut-parleur, les deux petites vis et même la connectique symétrique, puisque le Meizu a adopté l?USB type-C avec le Pro 5 et la reprend encore ici.
Les autres tranches de l'appareil sont moins proches de l'iPhone et reprennent la configuration du Pro 5 : boutons matériels à droite, sous le pouce, et tiroir d'accès aux deux ports SIM à gauche. La tranche supérieure est, elle, quasiment vierge, hormis un petit trou pour le micro. De même à l'avant puisque la grande dalle tactile est toujours soulignée d'un bouton mTouch avec lecteur d'empreinte intégré. Certains acquis sont heureusement conservés. Comme l'absence de touches tactiles de navigation pour Android aux côtés du lecteur d'empreinte.
À l'arrière, le Pro 6 marque aussi la différence aussi bien avec son prédécesseur qu'avec sa source d'inspiration de Cupertino. Le capteur photo conserve sa place prédominante, il est maintenant souligné d'un composant qui, d'apparence, ressemble beaucoup à un capteur secondaire. Il n'en est rien : il s'agit du même duo qu'avec le Pro 5 : le capteur infrarouge de l'autofocus laser et le flash. À la différence près que le flash est composé d'une dizaine de diodes organisées en cercle autour du capteur infrarouge. Une bague de lumière qui nous rappelle le Moto X (2e gen) avec son flash « annulaire » placé autour du capteur photo.
Très agréable à manipuler
Une fois en main, le Pro 6 offre de très bonnes sensations. Bien sûr, il y a comme un air de déjà-vu, aussi bien chez Meizu que chez les concurrents. Mais la prise en main est très agréable. Le téléphone est moins grand, ce qui facilite son utilisation. Les boutons sont placés à des endroits convenus, mais efficaces. Et la construction parait solide et qualitative. Aucune fausse note dans ce téléphone, qui joue clairement la carte du classicisme.
L?écran répond aussi à ce positionnement. Une belle qualité d'image, sans pour autant tomber dans l'extravagance du Quad HD et des résolutions supérieures à 500 pixels par pouce. Le Full HD suffit amplement, d'autant qu'il est ici magnifié par un rétroéclairage Super Amoled dont nous avons déjà éprouvé les qualités. De belles couleurs. Des contrastes profonds. Une luminosité bien dosée. Des angles de vue bien ouverts. Et le tout est servi par une dalle de verre Gorilla Glass 4 toujours aussi fluide et réactive sous les doigts. Que du classique, donc, mais c'est tellement agréable que nous ne boudons pas notre plaisir.
Un Flyme OS très chinois
Une fois le mobile allumé s'affiche Flyme OS dans une version 5.2 basée sur Android 6.0 Marshmallow. Veuillez noter que la version que nous avons reçue en test est pourvue de la ROM chinoise et non internationale. Elle est donc dépourvue à l'origine des services Google. Cependant, Meizu a installé un dossier sur l?écran d'accueil de son mobile appelé « Applications populaires ». Dans celle-ci se trouve Facebook, WhatsApp et un certain Google Services. En lançant Google Services, quatre applications s'installent sur le mobile : Google Framework (la base des services Google), Google Service (pour la connexion aux services), Play Store (pour installer des applications) et Google Maps. Le reste est à aller chercher sur le Play Store. Voilà la réalité du marché chinois.
Au centre, l'écran d'installation de Google Services
C'est la première fois qu'un mobile sous Flyme OS 5.2 est commercialisé. Nous allons donc faire le tour du propriétaire. Tout d'abord, l'organisation de la ROM est pratiquement identique à celle du Pro 5 : pas de menu application au programme, ni même de touche de navigation (retour et multitâche), mais tous les autres éléments d'Android sont présents. Les menus ont légèrement changé, notamment Paramètres, qui s'inspire davantage du design d'Android stock, ainsi que le menu des notifications et des paramétrages rapides. Les icônes ont également légèrement évolué. Petite déception, l?écran de verrouillage présente des publicités quand le mobile est en train de charger : ce n'est pas de très bon goût.
A droite, l'écran de verrouillage quand le mobile est en charge
Une interface Force Touch
Comme dans la version 4.5 testée avec le Pro 5, Meizu n'a pas décidé de réintégrer sa boutique de thèmes et d'applications. L'interface n'est donc personnalisable qu'au travers de ses fonds d?écran, ses lots d'icônes et ses widgets. Est également de retour le bouton virtuel Smart Touch qui offre un bouton de navigation supplémentaire (le lecteur d'empreinte servant aussi de touche retour, ce qui est très pratique à l'usage). Enfin, les applications maison de Meizu sont toutes présentes. Puisqu'il y en a finalement assez peu, elles sont toutes bienvenues : Galerie, Musique, Videos (excellent baladeur comme nous le verrons), Explorateur de fichiers, Securité, Boites à outils (avec un accès rapide à la lampe torche ou à la boussole), etc.
Dernier point sur l'interface : Force Touch. L?écran intègre un capteur de pression, comme l'iPhone 6S. Pour mettre cela en pratique, Meizu a donc implanté des interactions avec le système d'exploitation tirant parti de cette capacité. Cela se concrétise par quelques raccourcis malins et par des actions intelligentes, largement inspirées par Apple et iOS 9. C'est notamment le cas de la prévisualisation des photos dans la Galerie avec un accès rapide à quelques fonctions (envoyer, modifier, partager). Meizu aurait-il pu faire autrement ? Difficilement. Retrouvez ci-contre des exemples de raccourcis.
Toujours quelques soucis dans la traduction française...
Des performances pas toujours digne de la marque...
Flyme OS est ici relativement fluide. La navigation dans le système ne connait aucun ralentissement (sauf peut-être avec Force Touch qui n'est clairement pas pris en charge par Android, mais la couche supérieure du système). Côté batterie, le Pro 6 ne révèle pas une autonomie très grande, mais supporte une grosse journée d'utilisation. Attention cependant si vous êtes un joueur : le smartphone chauffe (pas trop, mais un peu quand même et assez vite), ce qui a une incidence négative sur l'autonomie.
Car l?Helio X25 de MediaTek est, en apparence, un chipset assez robuste, mais il ne peut compter que sur deux coeurs seulement pour les tâches les plus ardues. Si le téléphone dispose d'une autonomie très correcte, c'est grâce à la configuration adaptable du deca-core de MediaTek. Et comme nous le pensions, quand il s'agit de montrer les crocs, le chipset n'est pas aussi véloce qu'un Exynos 8890 ou un Snapdragon 820.
Puisque c'est la première fois que nous testons un mobile avec ce chipset (où même un chipset deca-core), nous avons donc pris la peine de le comparer avec quelques modèles, comme le Pro 5 (sous Exynos 7420), le Xperia Z5 Premium (sous Snapdragon 810), le HTC 10 (sous Snapdragon 820), le Huawei P9 (sous Kirin 955) et le Galaxy S7 (sous Exynos 8890). Les résultats sont plutôt bons pour un composant MediaTek, mais pas tout à fait à la hauteur de ce que le fondeur taïwanais a pu se vanter.
... surtout au niveau graphique
Dans les chiffres, Le Pro 6 de Meizu atteint 101628 points sur AnTuTu v6. Ce qui correspond au score du Kirin 955 du P9. Mais cela est clairement en dessous des Galaxy S7, iPhone 6S et les mobiles sous SD820. Il atteint les 450 points sur Basemark OS II, avec une contre-performance sur le moteur web. Nous n'en tiendrons pas compte. Sur Geekbench 3, il dépasse les 1900 points en mono-core, mais frôle les 6300 points en multi-core. Ce sont là de bons scores (même si, en comparaison, les coeurs Kryo dépassent aisément les 2000 points en mono-core).
Sur 3DMark, il ne dépasse pas les 15 000 points sur Ice Storm Unlimited, un score moins bon donc que celui du Snapdagon 801 (non, nous n'avons pas inversé les deux derniers chiffres). Les économies faites par MediaTek sur le GPU en sont la conséquence. Les scores sur Slingshot se rapprochent davantage de celui des Kirin 950/955. Mais ils ne sont pas non plus une référence dans ce domaine. Notez que ces tests ont été effectués avec le mode « Haute Performance » de Flyme OS. Ce qui veut dire que, théoriquement, il ne peut y avoir mieux. Mais qu'il peut y avoir pire...
Beaucoup de bonne volonté en vidéo
Nous avons été particulièrement déçus par les scores obtenus par le Helio X25 dans les tests graphiques. D'autant plus que l?écran est Full HD et non Quad HD, ce qui devrait rendre l'exercice plus facile face à un HTC 10 ou un Galaxy S7. Le jeu vidéo n'est donc pas son fort, malgré un bel écran et une dalle de verre Gorilla offrant une glisse remarquable. En revanche, quelques ralentissements viennent amoindrir l'expérience et le chipset chauffe, comme nous l'avons remarqué précédemment.
En vidéo, le Meizu Pro 6 est un excellent baladeur multimédia. L'application Vidéos, offrant comme toujours une excellente compatibilité avec les formats usuels, est servie ici par un très bel écran Super Amoled dont la définition Full HD est largement suffisante pour offrir une image nette et précise. Le haut-parleur est quant à lui assez puissant et relativement bien placé, même si cela dépendra beaucoup de l'orientation que vous aurez choisie pour le mode paysage (le bouton mTouch à votre gauche ou à votre droite). Et ici, les performances du chipset sont généralement suffisantes pour afficher les films.
Le même équipement photo que le Pro 5
En photo, nous retrouvons la même application qu'avec le Pro 5 (avec le mode professionnel très complet), ainsi que le même capteur photo, l'IMX230 de Sony avec ses 21 mégapixels, et le même objectif ouvrant à f/2.2. Et le résultat est sensiblement le même, comme vous pouvez le constater. Si vous comparez entre la photo prise avec le Pro 5 et celle avec le Pro 6, vous constaterez que les deux clichés offrent des propriétés assez comparables : beaucoup de luminosité, du détail, de l?équilibre entre les différentes zones.
Il est d'ailleurs plus facile de s'en rendre compte avec la photo du Pro 6, grâce à de meilleures conditions météorologiques. Des conditions qui ne pardonnent pas, surtout aux autofocus laser qui ont tendance à privilégier la netteté et non l?équilibre. Nous regrettons une fois encore un léger manque de contraste et de piqué. Cependant, même s'il est toujours possible de trouver mieux ailleurs, comme chez Samsung, Apple ou Sony par exemple, le résultat est très satisfaisant.
Un bon smartphone, mais un Meizu peu original
En conclusion, le Pro 6 est un bon smartphone, avec de très belles qualités, comme son écran, sa belle construction, ses matériaux premium, sa ROM customisée épurée, ses applications additionnelles majoritairement utiles. Mais ce smartphone a aussi des défauts. Notamment un auquel nous ne nous attendions pas : le chipset. Le X25 n'est pas à la hauteur pour représenter un smartphone sur le segment du Pro 6, face à des téléphones qui sont majoritairement sous Snapdragon 820. Notamment au niveau graphique.
N'oublions pas également que le Meizu Pro 6 n'est toujours pas compatible avec la bande 4G des 800 MHz. Une absence répétée chez le constructeur qui ne permet pas une utilisation optimale de la 4G pour les utilisateurs français (à l'exception des clients de l'opérateur Free, qui est le seul opérateur à ne pas utiliser cette bande de fréquences).
Heureusement, le Pro 6 est 70 à 100 euros moins cher que le Pro 5, selon les versions. Et cela n se justifie pas forcément par la taille de l?écran, mais aussi par la plate-forme intégrée. Selon les rumeurs récentes, Meizu prépare une version du Pro 6 sous Exynos 8890. Pourquoi ne pas avoir commencé par celle-ci ? Car, avec un tel chipset, le Pro 6 aurait clairement été une excellente proposition de la part de Meizu, comparable à celle de Samsung, HTC et consorts. Et cela à un prix tout aussi excellent.