Succéder au Nexus 5 n'est pas une tâche aisée. Le plus populaire des smartphones signés Google conserve encore aujourd?hui un capital sympathie indéniable parmi toute la communauté des adorateurs du Bugdroid. Il est souvent utilisé pour réaliser les développements et les démonstrations, ce qui est légitime pour le plus symbolique des Nexus. Car, plus encore que le Nexus S, le Nexus 4 et le Nexus 6, le Nexus 5 est LE smartphone Android par excellence, l'exemple à suivre pour certains, la feuille de route pour les autres. Nous-mêmes, lors de son lancement il y a deux ans, nous avions été charmés par ce smartphone qui ne jouait pas sur les détails ostentatoires pour prouver ses qualités.
A la recherche du Nexus 5...
Bien au contraire, c'est à l'usage, au-delà de son côté plastique et économique, que le Nexus 5 démontrait comme personne ce qu?Android était capable d'offrir, à savoir une interface intuitive, ergonomique et puissante. Une sensation que le Nexus 6 de Motorola n'a pas su nous faire ressentir totalement, certainement parce qu'il y avait un peu trop de Motorola dans ce mobile. Quand nous avons appris que LG rempilait pour la troisième fois, nous avons donc été automatiquement emballés, même si les récents modèles haut de gamme de la marque coréenne ne nous avaient pas convaincus à 100 %. L'annonce du Nexus 5X a donc été une bonne nouvelle. L'est-elle encore aujourd?hui ? C'est ce que nous allons découvrir tout au long de ce test qui commence, naturellement, par la fiche technique :
- dimensions : 147 x 72,6 x 7,9 mm
- poids : 136 grammes
- ratio écran / taille : 69,8 %
- écran LCD 1080p de 5,2 pouces (résolution de 423 pixels par pouce)
- protection de l?écran Corning Gorilla Glass 3
- chipset Qualcomm Snapdragon 808 hexa-core avec deux coeurs Cortex-A57 cadencés à 1,82 GHz et quatre coeurs Cortex-A53 cadencés à 1,44 GHz
- GPU Adreno 418
- Coprocesseur Android Sensor Hub
- 2 Go de mémoire vive
- 16 ou 32 Go de stockage interne (non extensible)
- batterie de 2700 mAh (non amovible) compatible Quick Charge 2.0
- compatible LTE catégorie 6, WiFi ac MiMo, Bluetooth 4.2, GPS (Glonass), NFC, DLNA
- lecteur d'empreinte au dos
- connecteur USB type-C
- capteur photo 12,3 mégapixels avec Flash LED et optique ouvrant à f/2.0, autofocus laser. Compatible Ultra HD en vidéo (et slow motion à 120 images par seconde)
- webcam 5 mégapixels, optique grand-angle ouvrant à f/2.2, compatible 1080p en vidéo
- Android 6.0 Marshmallow
Dans cette fiche technique, nous retrouvons la patte de LG. Ce qui est tout autant une bonne qu'une mauvaise nouvelle. La bonne, c'est l'intégration de l'autofocus laser, que nous avons largement apprécié dans le G4 et chez certains concurrents, et d'un très bel écran Full HD protégé par du verre Corning. La mauvaise, c'est le choix de la plate-forme, plus étriquée encore que celle du G4. Le Snapdragon 808 est accompagné ici de 2 Go de mémoire vive seulement. Cela parait peu, malgré l'absence de surcouche au-dessus de Marshmallow. Et cela a évidemment une incidence sur les performances générales.
Un châssis qui joue sur la simplicité
Mais avant d'aborder cette question, observons de plus près l'aspect esthétique du produit. Comme le Nexus 5, le 5X préfère conserver une ergonomie simple et une coque entièrement en polycarbonate. Google a beau dire que c'est du polycarbonate moulé, cela reste du plastique ! Ici, pas de boutons déportés au dos de l'appareil. Pas de matériaux premium qui alourdissent le poids global. La seule vraie exubérance de ce châssis est l'objectif photo protubérant dont les contours sont moulés dans la coque arrière. Résultat : l'appareil photo n'accroche pas sur les plis du pantalon quand le Nexus 5X entre dans une poche.
Comme le Nexus 5, le 5X opte pour un design droit à l'arrière de l'appareil, mais rond sur les angles. Et il supprime bien évidemment la surface tactile sous l?écran, un emplacement qui revient ici à un haut-parleur frontal (mono, pas stéréo). Ce haut-parleur est l'une des quatre petites nouveautés visibles en faisant le tour du propriétaire. La seconde est le lecteur d'empreinte digitale rond qui souligne le capteur photo. La troisième, à gauche de l'objectif photo, est le capteur infrarouge utilisé pour la mise au point (comme sur les LG). Le dernier est le port USB type C accessible sur la tranche inférieure.
De ces trois détails, un seul est vraiment signé LG : l'autofocus laser. Pour les autres, nous retrouvons l'influence d'un autre constructeur, Huawei, qui signe le Nexus 6P. Cette année, Google a certainement souhaité apporter un effet de gamme à la famille Nexus, laquelle est clairement bariolée. Pour le reste, le Nexus 5X fait dans le classique : mise en marche et volume à droite, tiroir pour la carte nano-SIM à gauche, un port jack 3,5 mm en bas, à côté du port USB et du micro principal, et une tranche supérieure presque vierge (hormis le micro secondaire à peine visible).
Une prise en main naturelle
De fait, la prise en main est assez traditionnelle, puisque rien ne dénote vraiment dans ce Nexus 5X, hormis peut-être le lecteur d'empreinte que la concurrence (Apple, Samsung, etc.) préfère positionner sous l?écran tactile (ce qui supprimerait alors le haut-parleur frontal). Ce smartphone est agréable à prendre en main, malgré des dimensions clairement à la hausse en comparaison du Nexus 5 (9 mm en hauteur, 3,4 mm en largeur), ce qui pourrait rebuter ceux qui cherchent un mobile dont l?écran ne dépasse pas les 5 pouces. La présence du Gorilla 3 de Corning est l'un des éléments qui nous rappellent le Nexus 5. Les angles bien ronds aussi. Nous aurions aimé que la ressemblance avec ce prédécesseur soit plus franche. Dernier point sur la prise en main et l'ergonomie, nous trouvons très curieux de proposer un câble USB type C vers USB Type C : cela veut dire qu'il est presque impossible de connecter votre Nexus 5X à votre PC (parce qu'il y en a très peu qui sont nativement compatibles) sans acheter un autre câble ou un adaptateur. Une vraie maladresse.
L?écran du Nexus 5X, certainement signé LG Display, est une belle réalisation qui pourrait servir d'exemple à tous les détracteurs du Quad HD en téléphonie mobile. Comme sur le Nexus 5, ce composant dénote franchement avec l'impression globale offerte par le châssis en polycarbonate. Avec ses 420 pixels par pouce, la dalle offre une expérience visuelle très qualitative. Les contrastes sont profonds, les couleurs prononcées, les angles ouverts et la luminosité moyenne suffisante pour ne pas avoir besoin de la pousser au maximum. Sous les doigts, l?écran tactile réagit très bien. Ce n'est plus vraiment une surprise de le constater avec une dalle Corning. Mais c'est toujours bon de le rappeler.
Un système d'exploitation propre...
Une fois l?écran allumé, nous sommes face à Marshmallow dans son « plus simple appareil », ou presque, puisqu'il s'agit d'Android habillé du Google Now Launcher. Contrairement à Motorola, LG n'a pas offert à Android les quelques ajouts fonctionnels qu'il a l?habitude d'apporter dans ses propres mobiles. Il faut dire que Motorola est un fervent défenseur d'une expérience Nexus enrichie. Ce qui n?était donc pas incompatible avec le Nexus 6. Cependant, comme LG customise largement l'expérience Android avec ces téléphones, il ne peut certainement pas se permettre les mêmes fantaisies.
Interface Marshmallow
Nous avons d'ores et déjà testé un premier mobile sous Marshmallow : le One A9 de HTC. Mais l'interface d'Android était alors cachée derrière celle de Sense. Avec le Nexus 5X, c'est donc la première fois que nous profitons de l'ergonomie de cette version comme Google l'a imaginée. Une ergonomie suffisamment proche d'Android Lollipop pour ne pas être disruptive. Nous retrouvons les codes couleur, les dossiers ronds, le clavier gris clair, les icônes du Material Design, etc. Bref, Marshmallow est visuellement une version presque améliorée de Lollipop. Vous remarquerez un très léger changement avec Now Launcher Lollipop : le dossier « Créer » (avec les raccourcis de la suite Google Docs) a été supprimé. Ce n'est pas plus mal. Les raccourcis vers les boutiques payantes (Play Films, Play Musique, etc.) sont conservés. Pas folle la guêpe !
Android Pay, application fantôme, est bien présent dans le Nexus 5X
Il y a heureusement aussi quelques nouveautés à (re)découvrir, comme le volet des raccourcis personnalisable, la gestion des comptes utilisateur, le réglage sonore différencié, ou la réintégration des paramètres Google dans le menu des paramètres généraux, les raccourcis personnalisés dans le menu des applications, la gestion des autorisations, etc.. Vous remarquerez, si vous êtes un utilisateur du lanceur d'application de Google que le panneau Google Now n'est pas disponible au premier démarrage du mobile. Il faut activer la fonction Google Now pour que le panneau réapparaisse, à un swipe vers la gauche de l?écran d'accueil. C?était l'un des ajouts très pratiques de KitKat. Heureusement, il est conservé.
... mais qui oublie d'être léger
Comme cela a pu être raconté par certains confrères, le poids de Marshmallow, malgré l'absence de partenariat commercial, n'est pas négligeable, loin de là. Sur les versions 16 Go du Nexus 5X, il n'en reste que 11 Go pour l'utilisateur. Sur notre version test, qui dispose de 32 Go de stockage, il n'en restait que 25 Go. Nous rappelons que les applications Google ne peuvent être désinstallées, mais seulement désactivées. Ce qui efface les mises à jour éventuelles, mais ne supprime pas les logiciels eux-mêmes pour gagner de l'espace. Cela est d'autant plus dur que Google a choisi de ne pas intégrer de lecteur de carte microSD dans ses Nexus 2015. Si la firme de Mountain View a indiqué qu'elle pourrait revoir cette politique prochainement, cela n'est évidemment pas le cas. Heureusement, le passage de 16 Go à 32 Go chez Google est l'un des moins onéreux. Quand bien même : une carte mémoire de 16 Go ne coûte pas dans le commerce 50 euros !
De même, le poids de Marshmallow sur la RAM n'est pas négligeable et nous regrettons que LG et Google aient pris la décision de ne pas porter la RAM à 3 Go dans le Nexus 5X. En moyenne, 60 % de la RAM est utilisée, sans lancer de jeu, sans utiliser d'applications gourmandes plus que quelques minutes. C'est donc beaucoup. D'autant qu'avec 50 % de mémoire vive en plus, le Nexus 5X aurait été mieux armé pour justifier un prix en hausse de 120 euros tout de même avec le Nexus 5 et s'approprier plus légitimement son statut de successeur. Car, au final, même si les performances sont clairement au-dessus du G4 (équipé lui de 3 Go de mémoire vive), elles déçoivent un peu face à des propositions comme le OnePlus 2, le Xperia Z3+ ou le Honor 7, trois modèles vendus au même prix, voire moins cher...
Sur AnTuTu, le Nexus 5X réalise un score de 54 186 points, ce qui est largement meilleur que le LG G4, mais largement moins bon que le OnePlus 2. Il est également meilleur que les Honor 7 et Meizu MX5, mais ces deux derniers sont vendus largement moins cher. Le Nexus 5X se révèle être à la même hauteur que les Xperia Z3+ de Sony et One M9 de HTC, pour un prix égal (en version 32 Go). Mais ces deux derniers disposent d'un meilleur GPU (sans oublier leurs châssis premium). Sur 3D Mark, l?Adreno 418 parvient à obtenir 18 944 points, ce qui se révèle être un score typique pour ce processeur graphique. Sur Basemark OS II, enfin, le Nexus 5X obtient 1386 points, soit 200 points de moins que le G4. La raison est simple : le G4 dispose de 3 Go de RAM. Les performances sont donc bonnes vis-à-vis de la plate-forme, mais bien décevantes vis-à-vis du prix et de la concurrence.
Une plate-forme multimédia perfectible
En multimédia, le Nexus 5X est bon, sans être irréprochable. D'abord en jeu. Nous avons eu la désagréable surprise de constater que le Dead Trigger 2 est incompatible avec le smartphone. Nous nous sommes donc rabattus sur un autre jeu, que nous adopterons de plus en plus souvent pour les tests : Dead Effect 2 de BadFly Interactive. Le jeu tourne agréablement, avec quelques petits ralentissements. Ce qui n'est pas surprenant en soi. Nous supposons qu'avec Dead Trigger 2, le Nexus 5X s'en serait également bien sorti, mais nous aurions aimé savoir quel aurait été le réglage par défaut des graphismes. Sur les Snapdragon 808 et 810, il se positionne généralement sur la qualité intermédiaire.
Dead Effect 2
En vidéo, même impression mitigée. D'abord, comme nous l'avons expliqué précédemment, le câble livré avec le smartphone ne permet pas de connecter le mobile directement sur un ordinateur disposant simplement de câble USB traditionnel. Pour passer les vidéos d'une plate-forme à une autre, le Nexus 5X n'est donc pas pratique. Ensuite, le lecteur vidéo des Nexus, Galerie pour ne pas le citer, n'a pas été amélioré par Google, qui ne se donne pas la peine d'offrir une application de meilleure qualité : elle n'est pas ergonomique, elle n'est pas fonctionnelle et elle n'est compatible qu'avec un nombre restreint de fichiers. Nous vous conseillons évidemment d'adopter un autre lecteur. Cependant, tout n'est pas négatif : le haut-parleur à l'avant offre un son clair et puissant, tandis que l?écran révèle ici toutes ses qualités visuelles.
Le meilleur appareil photo pour un Nexus ?
Enfin, côté photo, nous avons du mieux. Du beaucoup mieux. Que ce soit vis-à-vis du Nexus 5, dont le capteur 13 mégapixels offrait des clichés clairement bruyants, notamment quand la luminosité baissait. Ou que ce soit vis-à-vis du Nexus 6 dont le capteur Sony n'offrait pas des prises de vue équilibrées au niveau de la luminosité. Ici, le résultat est surprenant de clarté et de précision. Il y a du détail. Il y a du contraste. Il y a de la lumière dans chaque recoin. Même en zoomant sur les côtés, le bruit n'est pas gênant. Même si cela manque encore un peu de tonus au niveau des couleurs, les photos sont bonnes.
Photo prise avec le Google Nexus 5X
Nous ne savons pas si ce très bon résultat est l'oeuvre du capteur 12 mégapixels, de l'optique ouvrant à f/2.0, du processeur d'image intégré au Snapdragon 808 ou à l'autofocus laser. Ce qui semble être sûr, c'est que ce n'est pas l'oeuvre de l'application photo, Google Camera. Vous le savez, il s'agit de l'application gratuite que vous pouvez télécharger depuis le Play Store. Très simple d'utilisation, mais aussi dénuée de pratiquement toute fonction avancée, cette application remplace dans tous les Nexus récents celle par défaut dans Android « stock ». Nous soulignons ici la bonne volonté de Google, même si, pour être très honnête, l'apport n'est pas évident à pointer, notamment quand Google Camera est comparé aux applications photo de Sony, Samsung, Meizu ou HTC.
Un bon smartphone, mais pas un successeur au Nexus 5
En conclusion, le Nexus 5X est un très bon mobile, mais pas tout à fait le modèle que les fans du Nexus 5 attendaient. Si l?évolution technologique qu'il offre est indéniable face à son prédécesseur, la comparaison avec la concurrence n'est pas toujours à son avantage. Le Snapdragon 808 est certes un choix raisonnable, mais peu ambitieux. L'espace de stockage, non extensible, est sévèrement grevé par un OS où se multiplient les applications officielles de Google. Et la mémoire vive est clairement chiche pour un porte-étendard, notamment sur cette taille d?écran (entre 5 et 5,3 pouces) où se positionnent Samsung et Sony, par exemple. Sans parler de ce câble de chargement sans queue ni tête qui va à l'encontre de l'esprit originel de la gamme Nexus : des mobiles peu chers et ouverts, parfaits pour les développeurs.
Si les petits défauts du Nexus 5 étaient largement compensés par un rapport qualité-prix à l?époque sans précédent et des performances de haut vol, cette troisième création de LG ne peut malheureusement pas en dire autant. Oui, le Nexus 5X est une plate-forme qui tire certainement le meilleur de son chipset, mais il reste derrière la grande majorité des haut de gamme actuels, alors que le Nexus 5 talonnait les premiums. D'autant plus que le prix en euro, largement été réévalué à la hausse en traversant l?Atlantique, n'arrange rien. Si nous nous sommes invectivés des pratiques commerciales d'Apple (qui répercute systématiquement sur le prix de vente les fluctuations des devises et les nouvelles taxes), Google fait largement pire. Nous avons apprécié le Nexus 5X et son expérience « pure ». Et nous l'aurions certainement conseillé à tous les amoureux de la gamme Nexus s'il était resté au prix des États-Unis. Mais là, nous émettons quelques réserves.